dimanche 13 novembre 2005

Kobra

"SOS" par Kobra Rahmanpour

Un SOS venu d’Iran.


C’est une jeune femme de vingt-cinq ans qui nous supplie. Je ne veux pas mourir Kobra Rahmanpour «Je ne veux pas mourir. Aujourd’hui pourtant, je ne suis qu’un corps sans vie qui vit dans la crainte de la corde de l’exécution… Je suis si près de la mort, et depuis si longtemps! (Et elle est passée si près, aussi!) Comme vous tous, j’ai peur de mourir. Je vous en prie, aidez-moi! Faites que cette lettre ne soit pas la dernière. J’ai si souvent rêvé d’une autre vie, rêvé que j’avais pu terminer mon année pré universitaire, que je n’étais pas forcée de travailler et de servir la famille de mon mari, et que je ne perdais pas la raison de peine. J’ai tant souffert. Je suis une victime. Et c’est cette victime qu’ils vont pendre. Je ne mérite pas la corde. Face à la peur et à l’horreur, je me tourne vers vous. Je remercie les médias, les journaux et tous ceux qui m’ont soutenue en disant: Kobra ne doit pas mourir. Aujourd’hui, et pour la dernière fois peut-être, je vous supplie de m’aider à échapper à l’exécution, à cette mort horrible. Tous les jours, je rêve de liberté… De vie. J’ai assez souffert. Aidez-moi afin que ce terrible cauchemar qui m’a si souvent poursuivie dans mon sommeil et réveillée dans les cris ne se réalise pas. Aidez-moi à échapper à la mort. Faites tout ce que vous pouvez, il me reste peu de temps. Chaque seconde qui passe me rappelle que la mort est proche. Aidez-moi, je vous en prie! J’ai peur. Peur de la mort et de l’exécution. J’ai peur de la corde. Je veux vivre. Toutes les portes se sont fermées sur moi. Je n’ai personne… Mon seul espoir, ce sont les autres êtres humains, VOUS… tous ceux qui se battent pour me sauver, merci de tous vos efforts.»

jeudi 13 octobre 2005

Préambule

Editions HBL, voir aussi l'actualité en blog 

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Les livres dont les extraits suivent sont disponibles aux éditions HBL (Hélène Larrivé) à la galerie Archétype à Anduze ou sur commande au 06 87 55 42 13 ou encore par e mail à helene.larrive@gmail.com. La plupart sont disponibles; certains sont en impression ou épuisés et en cours de réédition. Les articles sont tirés à la demande moyennant un Euro. D'autres livres non mentionnés ici "le petit garçon qui courrait..." sur la violence conjugale de Suzanne Rousseau ou "le Procès" de Viridiana sont disponibles et des extraits de ceux-ci se trouvent sur le site "larrive.info" Les deux biographies de Jeanne Boyer et Josette Roucaute qui ont été retardées vont sortir en même temps que "Femmes d'Iran". Hélène Larrivé
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Images du blog de Anic Darnauld, Cris German, Danielle Lange, Jean Cabane, (tableaux) et Hélène Larrivé (tableaux, sculptures et œuvres virtuelles).

mardi 13 septembre 2005

La justice est faite pour les délinquants, forcément

"La justice est faite pour les délinquants" Nadia Uzan

Coupables victimes.

Essai sur le fonctionnement de la justice.Il est, bien sûr, pénible d’être agressé ou harcelé. Mais la suite aussi l'est. D'abord, le fait de porter plainte, c'est à dire d'"être entendu" —ou plus exactement de se faire, si possible, "entendre"— constitue en soi une épreuve : dévoiler devant des "étrangers", fussent-ils des professionnels, de l'intime —et être agressé atteint toujours l'être profond— renforce le traumatisme, générant honte et culpabilité : dois-je ainsi me livrer publiquement ? Ai-je le droit de mobiliser pour moi des instances surchargées ? C’est la question en filigrane, omniprésente, lorsqu'on "parle"... —Le mot même "parler" lui-même est connoté.— Et puis il faut —cela est normal— subir un contre interrogatoire, fournir des preuves, des certificats. Le traumatisme s'accroît encore —mais là, il est inévitable. — C’est à ce moment que parfois la victime lâche prise: montrer son corps, surtout abîmé, est un geste pénible au delà de toute expression. D'autre part, les professionnels, parfois blasés, surchargés ou pressés —voire mal formés— peuvent se montrer maladroits: une victime de harcèlement se voit par exemple confrontée seule et à brûle pourpoint… à son agresseur qui plastronne et se moque d'elle en termes obscènes... devant trois gendarmes le laissant s'épancher sans bouger. C'est finalement elle qui doit sortir : elle entendra longtemps résonner le rire son agresseur qui la traite de folle hystérique. Cela se voit de moins en moins, certes, mais encore... Car le coupable, lui, n'est pas blessé et n’a rien à dire, si ce n'est de nier, parfois en dépit de toute vraisemblance. Et le copinage masculin, parfois, n’est pas un vain mot. La victime sort de toutes manières de ces "confrontations" avec un sentiment de malaise prégnant: car l'agresseur est souvent un habitué tandis qu’elle, néophyte, est fragilisée par l'agression, et cela fait toute la différence.... Incontestablement, la violence libère! Et la subir détruit.Ensuite, c'est toute la machine judiciaire qui se met en branle —au cas où l'affaire n'a pas été classée pour insuffisance de preuves. Car elle peut l'être, évidemment. Il se peut aussi que certains éléments de la plainte déposée, les plus graves, n'arrivent pas jusqu'au Procureur...— Et enfin, six mois, un an ? après, c'est le "procès", c'est à dire la rencontre incontournable avec le harceleur-agresseur qu'elle avait réussi à oublier. Et les souvenirs.Kafka ? En un sens.

 
Elle se trouve alors dans une salle en une compagnie qu'elle n'identifie pas sur le coup... et dont il s'avère petit à petit que beaucoup sont des "mis en cause" — souvent très décontractés— un équipage confraternel en somme; cela frise le sketch lorsque l'un d'entre eux, dans le couloir, l'interroge en collègue sur "son affaire". Eux ont des avocats, les victimes, en principe, non. Du reste, on peut identifier les prévenus des plaignants à leur attitude : ils vont et viennent, parlent à leurs conseils, devisent parfois à voix assez haute… alors que les autres, tendus, tels des invités non grata dans une assemblée familiale se crispent de plus en plus au fur et à mesure. Cela aussi fait toute la différence. Le temps passe, elle ignore toujours quand elle «passera», il se peut qu’elle proteste, ce qui ne la rend pas sympathique. Lorsqu’enfin arrive son «tour», elle a bel et bien perdu ses moyens : la vision réitérée de celui qu’elle avait rayé de son souvenir, la mémoire des événements traumatiques du passé qui resurgissent en flash obligatoires, l’agacement devant les autres cas qui se sont succédés sans arrêt, l’attente, elle est à point, c'est-à-dire à bout. Le prévenu qui, au contraire, a passé tout ce temps à soigner sa copie avec un avocat, fut-il improvisé, est fin prêt. Et il faut reprendre, re expliquer, se livrer encore, l’écoute semble inconstante, du moins le croit-elle, c’est la dernière affaire et il est plus de midi, le prévenu se dérobe et ment effronton, elle ne sait si elle peut ou non répondre et en quels termes, elle le tente, cela passe — ou ne passe pas, elle ne sait plus — et pour finir… elle a oublié l’essentiel —des insultes antisémites de la part de l’agresseur— et il est trop tard pour le souligner… l’avocat général certes a bel et bien démasqué un des mensonges les plus criants de l’accusé, mais en revanche, il a suspendu son jugement quant aux coups qui «ne sont pas avérés» et celui du harceleur entonne une belle plaidoirie sur la passion amoureuse etc... Là, c’est trop… Jugement immédiat : six mois avec sursis, peine confirmée. Elle sort de la salle tétanisée mais a le temps d’entendre son agresseur, sans gêne aucune, lui donner rendez-vous à Marseille sous peu… Dès qu’il aura purgé sa peine. Un livre remarquable, à lire absolument?

samedi 13 août 2005

Saintes et putes, le syndrome de la femme battue



"Sainte et putes, le syndrome de la femme battue" Hélène Larrivé

Saintes et putes, le syndrome de la femme battue.

La plupart du temps, les femmes victimes de maltraitance ne sont nullement dépendantes, ou plus exactement elles sont dépendantes, mais de la dépendance de l'autre. Il s'agit d'une dépendance à un second degré. Le mari violent joue souvent de cette corde: il est faible, "malade", aux prises de "pulsions incontrôlables" ou instable, incapable de conserver un travail etc... Se libérer d'un maître est plus aisé que s'affranchir d'un enfant dépendant: cela explique l'extrême difficulté qu'éprouvent les femmes à quitter leurs bourreaux. Il est un fait incontestable quoique gênant: sa dépendance même narcissise la victime. Elle est un pilier essentiel, c'est le rôle des femmes... Dans ces couples dysfonctionnants, trois tropismes coexistent et se déchirent. D'abord, le syndrome de la sainte. Les femmes sont idéologiquement formatées à servir sans contrepartie. Cela est si fortement ancré en elles qu'elles peuvent subir l'inacceptable sans broncher, de peur de déroger ou d'être mises au ban de la société. Cela valait même autrefois pour les mutilations sexuelles en Afrique. L'antinomique du symbole de la Sainte, celui de la mégère, constitue un repoussoir efficace. Le syndrome de Stockholm suit logiquement: la victime semble solidaire de son bourreau voire même le renforcer. Cela se voit chez les prostituées vis à vis de leurs macs. Masochisme? Non, désir éperdu d'exister, d'être valorisée à travers celui-ci, quel qu'il soit, et quoique cela représente d'humiliation paradoxale. Et le mac n'a pas le profil mythique que l'on attendrait. Ou pas seulement celui-ci. Il est aussi dépendant, il ne peut vivre sans elle et c'est ce qui les lie, même à travers les coups. —Inconstants, ou non spécifique, il y a aussi des femmes maltraitées dans des milieux bourgeois.— Si parfois elles semblent renforcer leur bourreau ou s'accommoder de ce qui leur est imposé, c'est aussi parce que la dépendance constitue une drogue des deux côtés. S'en libérer suppose pouvoir exister pour soi, ce qui n'est pas possible lorsque l'habitude de la double dépendance est prise depuis longtemps. Cela explique que, lorsque la situation semble se dénouer enfin, souvent après un drame, — le compagnon violent est enfin incarcéré, elles ont été prises en charge par une association...— une fois seules, les femmes retombent dans le gouffre. Se libérer suppose rompre l'isolement, lancer un appel à l'extérieur, ce qui n'est parfois pas possible, ou connoté honteusement: on parle d' "étaler sur la place publique" de l'intime qui doit le demeurer, ou même de "trahison", surtout dans le cas du "milieu", on s'interroge que les raisons qui ont amené une plainte alors que la situation durait depuis longtemps, on suppose parfois qu'il s'agit d'une vengeance reliée à la jalousie... Cela requiert aussi de ne pas céder au chantage, omniprésent dans le cas de la maltraitance. Chantage au suicide, aux enfants, à la mort également, les trois se succédant parfois sans logique aucune. Et apprendre à vivre pour soi et on peur les autres. Et tenir bon. Un essai à la fois pratique et théorique à longue portée.

mercredi 13 juillet 2005

"Rêves érotiques" Viridiana

Rêves de vie

Je suis au treizième étage, dans une résidence confortable du quartier de Montparnasse, —en fait chez moi.— Pas de bruit, moquette de cinq centimètre d'épaisseur, tout est insonnorisé et les voisins, discrets: je ne les connais toujours pas au bout de dix ans, c'est dire... ni eux, moi, dans doute. Luminosité et angoisse. Des baies vitrées étincelantes, vue sur le quartier et des immeubles identiques au loin. Deux enfants en bonne santé, un mari absent, je suis une femme heureuse, je sors peu, voire même pas du tout. A quoi bon ? N'ai-je pas tout ce dont on peut rêver? Mais pourquoi cette angoisse alors, prégnante, devant la fenêtre ? Ou sur le balcon fleuri ? Ce jour là, je suis seule, les enfants sont en vacances dans le midi, chez "moi" c'est à dire chez mes parents. Un midi dont je suis exilée, puisque mon mari n'a pas voulu s'y installer. Paris, évidemment, c'est la ville lumière, la ville qui m'a absorbée et dévorée. Je me réveille, l'appartement est en flammes, l'immeuble brûle, un feu d'enfer. Il faut fuir. Vite, ou c'est ma mort. Je cours dans le couloir, les portes sont en flammes. C'est l'horreur. Tant pis, il faut sauter. En bas, la rue, les gens tout petits, n'ont rien vu, ils courent vers le métro, ou flanent devant les vitrines. Mourir pour mourir, autant que ce soit rapide et surtout pas être brûlée vive, je n'ai pas la vocation de Jeanne d'Arc... Je saute, tant pis.



 Et je descends lentement, comme en vol, et me pose
délicatement sur une pelouse verte et grasse, dans une prairie où broutent des vaches paisibles. En fait, l'appartement était au rez-de-chaussée. Je l'ignorais. Un rêve. Une réalité aussi. Voir l'allégorie de la caverne... Autre rêve: je suis dans une foule sympathique, un groupe plutôt de gens qui devisent aimablement. Je veux prendre la parole aussi, tout naturellement. On me répond, toujours aimablement, que je ne le puis car je suis morte. Ou du moins pas en vie, comme tous les autres. Je m'indigne: - mais si, je suis vivante, voyons, vous le voyez bien ... On me répond qu'une parole ne suffit pas à le prouver, sinon ce serait trop facile, ils sont bien obligés de me demander des garanties sinon où irait-on etc... Toujours très gentiment d'ailleurs. Je m'énerve un peu. - Quelles garanties à la fin? - Il faut présenter un certificat de vie me dit-on très posément, comme si c'était l'évidence. -Ah bon? Mais où le trouver ? On m'indique un bureau où je dois aller le réclamer. Soit, ça me rassure presque. Puisqu'il suffit d'un certificat, ça ne devrait pas poser problème... Je me présente au guichet. Il y a la queue. Apparemment, beaucoup de gens sont dans mon cas. Je prends la file. Je demande à celui qui est devant moi: vous aussi vous devez présenter un certificat de vie? -Oui. - Et ça prend longtemps? - Ca dépend. Parfois, oui. - C'est à dire ? - Oh, toute la vie... J'attends paisiblement. la réflexion de mon prédecessur ne m'a pas trop inquiétée, finalement. Puisqu'il suffit d'attendre... Un livre époustouflant... Entre rire et désespoir. Voir site Larrive.info

mercredi 13 avril 2005

Le goût du sang

"Le goût du sang" Claude Michels

Le goût du sang

Qu'est ce qui pousse le public vers des textes relatant avec une complaisance voyeuriste des histoires terrifiantes et dramatiques survenues, soit réellement dans le pire des cas, soit dans l'imaginaire dans le meilleur ? Catharsis ou incitation? La question est là. On trouve associés dans cette même passion funeste deux types d'oeuvres bien distinctes pourtant, voire qui n'ont rien de commun l'une avec
l'autre, les romans ou épopées lyriques classiques, l'Illiade par exemple ou les chansons de gestes... Et les anecdotes triviales de la presse people, Loana, pour le peuple qui ingore Homère, remplaçant Hélène... et Rocky, Oreste. Rien à voir ? Ce n'est pas sûr. Un constat impressionnant, une analyse pertinente et dérangeante, à la
fois philosophique et sociale, tant des lecteurs que des auteurs et surtout des promoteurs de ce type "littéraire". Leur but ? Séduire, gagner de l'argent. Mais les causes qui leur permettent de réussir ? Ne nous leurrons pas: le public, même si une certaine presse flatte et accentue sa propension vers le glauque, n'en est pas moins demandeur.

 
Pourquoi ce goût du sang ? La frustration devant des images qu'on lui impose et imprime fortement en lui, avec une double injonction contradictoire -"devenez cela" et "vous ne pourrez jamais y parvenir"-... suffit-elle à expliquer le sadisme sous jacent qui le fait jouir des malheurs de ces personnages-images... mais néanmoins réels? Ces hommes et femmes, archétypes de la beauté éternelle, de la richesse, de l'amour... jouent-ils malgré eux le rôle d'objet sacrificiel devant un public qui les adule et les hait à la fois parce qu'on l'a savamment conditionné à cet éclatement amour-haine ? Diana n'a-t-elle pas "fait" ses meilleurs tirages en deux occasions, lors de son mariage... et lors de sa mort ? Celle-ci aurait-elle vengé le public frustré de ce que sa vie, romancée, inventée par les medias, avait de "féérique", d'enviable -malgré tout- et d'exceptionnel, et de surcroit vengé des afficionados haineux qui s'ignoraient eux-mêmes ? Alors?
Ceux qui défendent ce type de prestations arguent qu'elles ont une fonction cathartique, qu'elles libèreraient le public des passions mauvaises. Mais ne sont-elles pas au contraire incitatoires ? -Par parenthèse, c'est bel et bien de cela qu'est morte Diana poursuivie par des paparazzi.- Le succès de la presse "people" n'est-il pas aussi et surtout relié à la faillite de la culture au sens classique du terme ?
L'Illiade ne peut s'apprécier qu'en prenant en compte le décalage immense entre les héros et nous-mêmes, en sublimant par conséquent leur douleur et leur joie devenus nôtres. Il semble que l'homme ait perdu cette faculté de distanciation, de symbolisation, et d'autant plus qu'il est brut, peu cultivé. Or, la mort de Diana n'est pas identique à celle d'Oreste...Un texte dérangeant... Et riche.

Prémisses des "Chants"

Chants philosophiques
Une histoire pleine de poésie et de rosée... La montagne cévenole, une anse abritée du froid où fleurit hiver comme été un rosier sauvage aux fleurs odorantes, une cabane bancale de chasseurs qui servit dit-on, autrefois, de lieux de rendez-vous... Un jeune garçon qui ne parle pas, que l'école a rejeté et qui s'essaie à une psy laborieuse et peu oppérante... Et puis c'est le miracle. Un cheval, rescapé de
l'abattoir, des chiens et... un statut de lad inattendu pour Yohan. Car la maîtresse de cette ménagerie, prof de philo, qui a acheté trois francs six sous cette terre hiératique et superbe pour y abriter ses animaux, l'a en effet pressenti comme baby sitter. Et entre la bête placide de quatre cents kilos condamnée à un régime amincissant et ...




L'adolescent frêle qui semble à peine capable de porter un seau, le coup de foudre est immédiat. Et c'est là que survient la première question, entre bottes de foin et piquets électriques:
— Qu'est-ce que la philosophie ?
Tout au long de l'histoire et à partir d'annecdotes minimes et fondamentales de la vie quotidienne, -la jument s'est échappée, on avait mal évalué sa roublardise... la source va peut-être donner, une procession religieuse psalmodie comme tous les quinze Août pour implorer Saint Denis de faire pleuvoir... la dinde blessée recueillie sur la route s'est liée d'une amitié passionnée et bruyante avec la lourde ponette que l'on croyait muette et qui en fait hennit de plaisir à tout bout de champ, et elles rentrent le soir, on pourrait presque dire bras dessous bras dessous, à la cabane... le griffon intrépide a volé les oeufs de la mère effarrée qui le poursuit... suivie en renfort par la jument solidaire qui s'est mollement arrachée à sa pâture...etc- ce sont les questions philosophiques essentielles qui sont ainsi traitées, celles du programme de terminale. En commençant bas, et en s'élevant petit à petit jusqu'à l'argument ontologique. Une autre manière de philosopher, un livre à lire en tranches, la police d'écriture variant en fonction du niveau de difficulté. Comme une histoire d'animaux émouvante et légère, comme une initiation à la philosophie, et enfin comme une oeuvre philosophique à part entière éminemment profitable... Le livre est disponible voir site.

dimanche 13 février 2005

Scénario de vie

"Scénario de vie" Hélène Larrivé


Chaque être a un scénario de vie certes mais pas aussi stéréotypé qu'on le dit. Un scénrio qui est censé s'adapter à ce que voulaient les parents ou la société du jeune individu se construisant. Parfois funeste. Tout échec est en ce sens la réussite d'un scénario préétabli mortifère. Toute réussite également. En fait, tout est réussite, si l'on enlève de la notion son coté positif banal que le sens commun lui confère. Les pensées deviennent des choses en effet, du moins le plus souvent.Alors? Commet se libérer d'un scénario funeste? D'un parent ou d'un groupe social qui a voulu votre déréliction parce que cela lui convenait pour fonctionner ? Ou d'un être qui a souhaité votre anéantissement pour faire poids au sien propre ? D'abord, heureusement, l'enfance est jalonnée de diverses personnalités souvent contraires et il se peut qu'UN parent ait voulu l'anénantissement d'un enfant sans que d'autres n'aient suivi le mouvement. Le problème toutefois est plus grave lorsque la famille ou le groupe social est fermé, restreint, constitué d'éléments peu nombreux — à la limite, d'un seul parent ou de deux et d'aucune fratrie, dans un lieu isolé, sans moyens de communication ni relations amicales— et/ou soumis au dictat d'un seul tyran que personne ne conteste. Ce sont des familles-meutes, qui, même nombreuses, fonctionnent comme si elles n'étaient constituées que d'UN seul élément, le chef du clan. Il est à remarquer que les drames les pires surgissent toujours dans ce type de groupe social, soit restreint —formé d'un seul parent isolé sans aucune relations sociales— soit meute —un groupe sous influence d'un seul, pervers. — Ce sont des familes de structure paranoïaque où l'on enseigne à l'enfant de se méfier de tous, où on l'isole afin de mieux le circonvenir: à la limite, comme tout esclave, il va combattre ceux qui pourraient l'aider et idolâtrer son/ses bourreaux. Il va lutter pour son esclavage comme s'il s'agissait de sa liberté. Le risque est énorme: c'est de reconstituer dans le noyau affectif puis familial la même structure perverse. Un renié enfant s'associera à un renieur pour le pire et le meilleur —en apparence.— La prostitution a ici sa source lorsqu'il s'agit d'une femme reniée.


Comment se libérer ? Par l'intellection, mais cela ne suffit pas car comprendre n'est pas guérir. Par une sorte de bourrage de crâne antidote, mais cela ne suffit pas non plus, bien que les résultats soient parfois réels. Par des actes volontaristes mais la difficulté est alors de tous les instants. Par la méditation, cela est mieux, mais elle aussi constitue une ascèse de tous les instants. Par un groupe constitué d'éléments pareillement reniés, comme les "alcooliques anonymes" en somme, que l'on pourrait appeler ici "reniés anonymes". Car le reniement constitue une drogue dure: lorsqu'il vient à manquer, la victime, perdue, angoissée va rechercher un autre bourreau —ou le même—pour s'équilibrer à nouveau. Lequel souvent n'attend que cela pour jubiler de sa déchéance. Que l'on ne s'y trompe pas: la démarche est difficile et de tous les instants. Aidons nous !






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jeudi 13 janvier 2005

Comment faire un best seller

"Comment faire un best seller" Viridiana

Comment faire un best seller
C'est très simple: prenez quelques faits historiques réels ou acceptés, une abbaye mystérieuse où il se passe des choses bizarres, —il s'en passe dans tous les lieux religieux, ne serait-ce que les visites innombrables de gens à la recherche justement de ces choses bizarres—, des coïncidences de date sur tel ou tel personnage ayant existé, une prémonition attestée d'un écrivain sur une catastrophe, celle du Titanic par exemple, ou une autre, et là dessus brodez un scénario glamour où vous mélangerez habilement réel et imaginaire en lui donnant le ton du vrai et surtout du "scientifique" indiscutable. Même si par la suite vous démentez avoir fait autre chose qu'une oeuvre d'imagination: soyez sûrs que personne ne vous croiera et vous avez tout fait pour cela en effet. Ajoutez-y une bonne dose de mysticisme de pacotille et un zeste d'humanisme et/ou d'écologie de type science fiction, et surtout une bonne couche de violence, si possible sexuelle, et vous avez là les ingrédients des best sellers à la mode actuellement. Demeurez à l'écart et n'acceptez aucune remise en cause directe, car il faut que vous fassiez partie vous aussi du mystère sinon c'est raté. Ceci est navrant car tout le monde ou presque se laisse prendre à la manoeuvre qui a pour but de faire vendre des textes sans consistance. Les lieux cités deviennent eux aussi à la mode et ce n'est pas le petit maire d'un hameau perdu en Arriège, cible de l'auteur, qui va démentir les faits relatés dans le roman: il a même obtenu une subvention inespérée du conseil général pour retaper son village et surtout un pont d'or d'un producteur américain pour restaurer son église afin qu'on y tourne un film sur les "événements".



 Ce ne sont surtout pas les commerçants ou les habitants du lieu qui remettront en cause les "faits" historiques qui vont peut-être faire de leur canton un nouveau Lourdes. Une manne. Ce ne sont pas les libraires qui vont faire des ronds de jambes à tout va pour inviter l'auteur d'un autre best seller calqué sur le précédent comme un modèle fidèle, de moindre envergure tout de même, qui vont remettre en cause l'originalité de la "recherche"... Cela ne sera pas grave si ceci ne se faisait évidemment au détriment de littérateurs véritables rangés au placard pendant ce temps. C'est la littérature actuelle, toute calquée sur le modèle américain : mysticisme, suspense, ésotérisme, thriller, violence et fausses certitudes "scientifiques" censées mettre à mal l'église ou n'importe quelle institution vendeuse. Il y aura les "pour", les "contre", de faux débats qui vont faire crépiter les audimats, et surtout de l'argent à la clef pour relancer le commerce. La "littérature", c'est parfois cela.



lundi 10 janvier 2005

Zorro et zérosexualité

"Zorro et zérosexualité ou comment devenir un Don Juan" Hélène Larrivé

Comment devenir un don Juan

Hommes et femmes ne sont pas synchrones sur le plan du désir sexuel, c'est la source de la plupart des conflits dits de "couple", voire de drames, de séparations, de divorces, d'abandons etc... Un lieu commun veut que le désir des femmes soit moins puissant et surtout moins constant que celui des hommes. Il est en partie inexact. Autant que les hommes, les femmes éprouvent le désir et la passion amoureuse —même si le sujet fut longtemps tabou— ... mais leur "mise à feu" n'est, la plupart du temps, pas identique: leur "déclencheur" est presque toujours d'ordre romanesque, relié à la poésie, à l'instant, voire à un conditionnement intellectuel et idéologique, à une sorte d'aura dont l'amant a su s'entourer, c'est à dire à des archétypes essentiels qui peuvent certes varier selon les individues —mais le principe demeure.— Mis à part ces prémisses, leur désir existe, et tout aussi violent que celui des hommes. Chez ceux-ci en revanche, le désir semble davantage a priori, premier voire primitif. —Il faut évidemment pondérer en fonction des individus.—




Il semble souvent à l'état latent, voire pur, c'est à dire exister quelles que soient les circonstances, qui influent moins pour les mâles toujours prêts à s'exprimer —même sans résultat—. C'est ce malentendu qui génère ce que j'appelle la zoro et la zérosexualité. Les hommes qui ont compris d'instinct le phénomène —cela n'a rien à voir avec leur niveau intellectuel— et qui parviennent à s'adapter au féminin deviennent en général des Don Juan redoutables quels que soient leurs attraits physiques. Les autres génèrent ennui et monotonie voire une agressivité ouverte ou larvée, qu'ils ne comprennent pas. Un homme qui travaille avec ferveur ses dossiers dans le lit et qui, après avoir refermé les chemises, tente aussitôt des approches vis à vis d'une compagne qui a attendu puis s'est lassée et a fini par s'endormir en rêvant à un autre subira logiquement une rebuffade qui va l'ulcérer. Les qualificatifs funestes alors vont bon train: elle est frigide, elle ne l'aime plus etc... C'est faux: c'est elle qui a été humiliée et son refus ne venait que de la cécité ou la maladresse de l'homme. Ou alors, de guerre lasse, elle va céder, sans désir. Là, on trouve deux cas de figures: ou bien elle va plus ou moins jouer la comédie —comme dans la séquence désopilante du film "Quand Harry rencontre Sally"— et l'homme, de bonne ou de mauvaise foi, se satisfera de ses performances... ou elle demeurera indifférente, et là aussi il y a deux cas. Soit l'homme fera comme si de rien n'était et ils n'en parleront jamais —certains couples vivent toute leur existence dans ce non dit frustrant et hypocrite— soit il récriminera de plus belle: elle est frigide, elle ne l'aime plus etc... Il se peut, c'est même le cas général, qu'elle n'ose jamais s'expliquer ou que l'homme refuse de l'entendre.Les malentendus perdurent: de consultations en consultations, c'est encore la femme qui risque de faire les frais du décalage entre zoro et zérosexualité. Elle le sait et le sent: elle s'ulcère davantage. Cercle vicieux.Que faire ? Prendre modèle sur les animaux: chez ceux-ci, c'est en principe la femelle seule qui décide,  aucun étalon expérimenté ne tenterait par exemple de saillir une jument qui n'est pas prête, il sait qu'il risquerait l'éventration. Certes, il est peut-être frustrant pour le mâle d'être contraint à une attente qui peut être longue, mais ce que peuvent faire des chevaux,un homme d'intelligence moyenne ne devrait-il pas pouvoir le faire également ? Un essai désopilant... Et constructif.